Grasse et la maison Fragonard, une destination sensuelle et culturelle

« Quand on visite une entreprise, on s’en souvient toute sa vie » affirme Luc Fauchois, président d’Entreprise et Découverte, interviewé par Le Monde en juin 2023.

En 1926,  Eugène Fuchs, séduit par la magie du parfum, fait l’acquisition de deux parfumeries de Grasse. Il choisit de donner le nom de Fragonard à sa nouvelle entreprise, en référence au célèbre peintre Jean-Honoré Fragonard, fils d’un gantier parfumeur, né à Grasse en 1732.

A l’époque de la French Riviera, Eugène innove aussi en proposant à ses clients de visiter les ateliers de fabrication, dès 1930. Une belle idée que la célèbre maison parisienne et grassoise perpétue aujourd’hui. L’enrichissant depuis trois décennies de musées, à Grasse et Paris, animés par des expositions temporaires.

Une visite d’entreprise, deux musées et ses expositions, à ne pas manquer cette année, entre le 8 juin et le 6 octobre 2024.

Fragonard, c’est d’abord une histoire de famille. En 1929, Eugène Fuchs passe la main à son fils Georges et à son gendre François Costa.  Ils font prospérer l’entreprise. Georges noue une relation commerciale avec Elisabeth Arden, femme d’affaires dans l’industrie cosmétique. Juste avant la guerre, Jean-François Costa, fils de François et Emilie Costa rejoignent les Etats-Unis où ils resteront jusqu’à la fin des années 1950. En 1947, Fragonard ouvre « Continental Perfumers INC », outre-Atlantique. Et réalise ses meilleures ventes avec le parfum Blue Grass. De  retour à Grasse, Jean-François succède à son père, laisse à son cousin Patrick le développement des ventes de compositions et modernise l’entreprise. Dès son arrivée, ce grand amateur d’art, réunit ses collections liées à l’histoire de la parfumerie pour donner naissance au musée du parfum, en 1975.

Depuis lors, « L’action culturelle s’ajoute à la fabrication des produits» affirme Agnès Costa qui préside, avec ses deux sœurs, aux destinées de l’entreprise. De fait, à Grasse, Fragonard s’enrichit du Musée Provençal du costume et du bijou en 1997. De même, le Musée Jean-Honoré Fragonard est inauguré en 2011, dans l’Hôtel de Villeneuve. Quatre années plus tard s’ouvre à Paris, le Musée du Parfum Opéra. Aujourd’hui, les sœurs Costa développent Fragonard « en tant que signature d’un certain art de vivre dépassant les frontières du parfum ». Avec une vingtaine de boutiques en France et, depuis 2015, à Milan.

Du printemps à l’automne prochain, trois expositions sont programmées sur la Côte d’Azur.

Avec « Madame de Sévigné - l’esprit en héritage ».

« Une incursion logique dans le XVIIIe » glisse Agnès en référence au nom Fragonard qu’Eugène Fuchs a voulu associer au raffinement de ce siècle. Un choix également justifié par les séjours de la célèbre épistolière en Drôme Provençale, au château de Grignan où elle est décédée en 1696. Sa fille ayant épousé François de Grignan, lieutenant-général de cette province pour le roi Louis XIV. 

 A l’Hôtel de Villeneuve, demeure grassoise du XVIIIe, seront donc présentées près de cent œuvres dont certaines de descendants de Madame de Sévigné, jamais dévoilées au public. D’autres proviennent d’institutions publiques et de collections privées.

A noter de rares lettres autographes, des manuscrits inédits, des portraits, des objets ayant appartenu à la marquise ... Plus baroques, des souvenirs et « reliques » qui témoignent du culte de la personnalité qu’elle inspira, dès le XVIIIe siècle.

Une présentation s’attachant à montrer également une dynastie de femmes d’esprit à travers sa descendance, exclusivement provençale. Ayant perpétué la notoriété d’une aristocrate dont la correspondance constitue un des plus grands succès de librairie au monde !

 

Dans le même hôtel particulier, une exposition de « Jean-Daniel Lorieux - photographe bienheureux » fait voyager joyeusement à travers la  mode, des années soixante à nos jours. Dévoilant des femmes habillées par Courrèges, Cardin, Paco Rabanne, Dior ou Lacroix. Le presque nonagénaire, toujours séducteur et séduisant a sublimé toutes les femmes qu’il a immortalisées et dont il a épousé certaines.

Ingénieur des arts et métiers, il a découvert la photo en Algérie, pendant la guerre d’indépendance. Une expérience douloureuse. Des clichés de cette période viennent de trouver place au Musée des armées. Aujourd’hui, celui qui a rencontré mademoiselle Harcourt, qui a travaillé avec Andy Warhol et qui peut glisser des anecdotes (l’exposition en rappellent) sur ses rencontres avec Jacques Chirac, Georges Pompidou ou Jean Cocteau peut  affirmer « J’ai voulu montrer que la vie était belle ». Jean-Daniel Lorieux admire la beauté féminine et représente les femmes avec force et autorité, mettant en lumière leurs longues jambes, leur regard pénétrant et leurs poses anguleuses.

 

Il ne reste plus qu’à filer au musée provençal du costume et du bijou pour la troisième exposition « Sport et villégiature - la naissance du loisir ». Elle traverse l’histoire  du sport, un sujet d’actualité !  Montrant aussi une vision de la villégiature à travers la mode sportive. Emblématique sur cette côte d’Azur, symbole de la douceur de vivre depuis deux siècles.

Robe de promenade fin XIXe, ensembles féminins de bicyclette, de golfeuse, d’équitation début XXe sont à admirer. Côté masculin, des tenues pour le golf et l’équitation de la même époque.

Alors, prêt à un passionnant voyage immobile du XVIIIe au XXIe siècle, chez Fragonard, à Grasse ? 

Guy Hébert

Du 8 juin et le 6 octobre 2024

Infos pratiques

Usine historique, 20 boulevard Fragonard, ouverte tous les jours de 9h à 18h15.

Visites guidées gratuites tout au long de la journée, sans réservation (sauf groupes).

Contact : 04 93 36 44 65

La fabrique des fleurs, Les quatre chemins, 17 route de Cannes. Mêmes conditions de visite.

Contact : 04 93 77 94 30

Musée du parfum, dans l’usine historique. Mêmes horaires.

Le musée provençal du costume et du bijou, 2 rue Jean Ossola.

Visites gratuites tous les jours, de 10h à 13h et de 14h à 18h30

.Le musée Jean-Honoré Fragonard, 14 rue Jean Ossola. Mêmes conditions que le musée provençal.

On pourra ajouter la visite de l’usine laboratoire Fragonard d’Eze-village, à environ une heure de route de Grasse.

Ouverte tous les jours de 9h à 18h. Visites guidées et gratuites, sans réservation.

Contact : 04 93 41 05 05

15 Mai 2024 0 comment
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  Guy Hébert
« Sport et villégiature - la naissance du loisir » « Sport et villégiature - la naissance du loisir »

« Quand on visite une entreprise, on s’en souvient toute sa vie » affirme Luc Fauchois, président d’Entreprise et Découverte, interviewé par Le Monde en juin 2023.

En 1926,  Eugène Fuchs, séduit par la magie du parfum, fait l’acquisition de deux parfumeries de Grasse. Il choisit de donner le nom de Fragonard à sa nouvelle entreprise, en référence au célèbre peintre Jean-Honoré Fragonard, fils d’un gantier parfumeur, né à Grasse en 1732.

A l’époque de la French Riviera, Eugène innove aussi en proposant à ses clients de visiter les ateliers de fabrication, dès 1930. Une belle idée que la célèbre maison parisienne et grassoise perpétue aujourd’hui. L’enrichissant depuis trois décennies de musées, à Grasse et Paris, animés par des expositions temporaires.

Une visite d’entreprise, deux musées et ses expositions, à ne pas manquer cette année, entre le 8 juin et le 6 octobre 2024.

Fragonard, c’est d’abord une histoire de famille. En 1929, Eugène Fuchs passe la main à son fils Georges et à son gendre François Costa.  Ils font prospérer l’entreprise. Georges noue une relation commerciale avec Elisabeth Arden, femme d’affaires dans l’industrie cosmétique. Juste avant la guerre, Jean-François Costa, fils de François et Emilie Costa rejoignent les Etats-Unis où ils resteront jusqu’à la fin des années 1950. En 1947, Fragonard ouvre « Continental Perfumers INC », outre-Atlantique. Et réalise ses meilleures ventes avec le parfum Blue Grass. De  retour à Grasse, Jean-François succède à son père, laisse à son cousin Patrick le développement des ventes de compositions et modernise l’entreprise. Dès son arrivée, ce grand amateur d’art, réunit ses collections liées à l’histoire de la parfumerie pour donner naissance au musée du parfum, en 1975.

Depuis lors, « L’action culturelle s’ajoute à la fabrication des produits» affirme Agnès Costa qui préside, avec ses deux sœurs, aux destinées de l’entreprise. De fait, à Grasse, Fragonard s’enrichit du Musée Provençal du costume et du bijou en 1997. De même, le Musée Jean-Honoré Fragonard est inauguré en 2011, dans l’Hôtel de Villeneuve. Quatre années plus tard s’ouvre à Paris, le Musée du Parfum Opéra. Aujourd’hui, les sœurs Costa développent Fragonard « en tant que signature d’un certain art de vivre dépassant les frontières du parfum ». Avec une vingtaine de boutiques en France et, depuis 2015, à Milan.

Du printemps à l’automne prochain, trois expositions sont programmées sur la Côte d’Azur.

Avec « Madame de Sévigné - l’esprit en héritage ».

« Une incursion logique dans le XVIIIe » glisse Agnès en référence au nom Fragonard qu’Eugène Fuchs a voulu associer au raffinement de ce siècle. Un choix également justifié par les séjours de la célèbre épistolière en Drôme Provençale, au château de Grignan où elle est décédée en 1696. Sa fille ayant épousé François de Grignan, lieutenant-général de cette province pour le roi Louis XIV. 

 A l’Hôtel de Villeneuve, demeure grassoise du XVIIIe, seront donc présentées près de cent œuvres dont certaines de descendants de Madame de Sévigné, jamais dévoilées au public. D’autres proviennent d’institutions publiques et de collections privées.

A noter de rares lettres autographes, des manuscrits inédits, des portraits, des objets ayant appartenu à la marquise ... Plus baroques, des souvenirs et « reliques » qui témoignent du culte de la personnalité qu’elle inspira, dès le XVIIIe siècle.

Une présentation s’attachant à montrer également une dynastie de femmes d’esprit à travers sa descendance, exclusivement provençale. Ayant perpétué la notoriété d’une aristocrate dont la correspondance constitue un des plus grands succès de librairie au monde !

 

Dans le même hôtel particulier, une exposition de « Jean-Daniel Lorieux - photographe bienheureux » fait voyager joyeusement à travers la  mode, des années soixante à nos jours. Dévoilant des femmes habillées par Courrèges, Cardin, Paco Rabanne, Dior ou Lacroix. Le presque nonagénaire, toujours séducteur et séduisant a sublimé toutes les femmes qu’il a immortalisées et dont il a épousé certaines.

Ingénieur des arts et métiers, il a découvert la photo en Algérie, pendant la guerre d’indépendance. Une expérience douloureuse. Des clichés de cette période viennent de trouver place au Musée des armées. Aujourd’hui, celui qui a rencontré mademoiselle Harcourt, qui a travaillé avec Andy Warhol et qui peut glisser des anecdotes (l’exposition en rappellent) sur ses rencontres avec Jacques Chirac, Georges Pompidou ou Jean Cocteau peut  affirmer « J’ai voulu montrer que la vie était belle ». Jean-Daniel Lorieux admire la beauté féminine et représente les femmes avec force et autorité, mettant en lumière leurs longues jambes, leur regard pénétrant et leurs poses anguleuses.

 

Il ne reste plus qu’à filer au musée provençal du costume et du bijou pour la troisième exposition « Sport et villégiature - la naissance du loisir ». Elle traverse l’histoire  du sport, un sujet d’actualité !  Montrant aussi une vision de la villégiature à travers la mode sportive. Emblématique sur cette côte d’Azur, symbole de la douceur de vivre depuis deux siècles.

Robe de promenade fin XIXe, ensembles féminins de bicyclette, de golfeuse, d’équitation début XXe sont à admirer. Côté masculin, des tenues pour le golf et l’équitation de la même époque.

Alors, prêt à un passionnant voyage immobile du XVIIIe au XXIe siècle, chez Fragonard, à Grasse ? 

Guy Hébert

Du 8 juin et le 6 octobre 2024

Infos pratiques

Usine historique, 20 boulevard Fragonard, ouverte tous les jours de 9h à 18h15.

Visites guidées gratuites tout au long de la journée, sans réservation (sauf groupes).

Contact : 04 93 36 44 65

La fabrique des fleurs, Les quatre chemins, 17 route de Cannes. Mêmes conditions de visite.

Contact : 04 93 77 94 30

Musée du parfum, dans l’usine historique. Mêmes horaires.

Le musée provençal du costume et du bijou, 2 rue Jean Ossola.

Visites gratuites tous les jours, de 10h à 13h et de 14h à 18h30

.Le musée Jean-Honoré Fragonard, 14 rue Jean Ossola. Mêmes conditions que le musée provençal.

On pourra ajouter la visite de l’usine laboratoire Fragonard d’Eze-village, à environ une heure de route de Grasse.

Ouverte tous les jours de 9h à 18h. Visites guidées et gratuites, sans réservation.

Contact : 04 93 41 05 05

Informations supplémentaires

  • Région: Provence-Alpes-Côte d'Azur
Dernière modification le mercredi, 15 mai 2024 15:55

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