Sète le vent se lève

Dans son musée de Sète, Paul Valéry reçoit les peintres qu’il a côtoyés

« Le vent se lève … ! Il faut tenter de vivre ! » lance Antoine Valéry, petit-fils de Paul, au moment de l’inauguration de la nouvelle exposition « Paul Valéry et les peintres » au musée éponyme de Sète. En cette période où tout est compliqué, un grand mérite revient à Maïthé Vallès-Bled, conservateur en chef du patrimoine et commissaire de l’exposition, et à son équipe, d’avoir réussi à présenter une exposition inédite d’un intérêt exceptionnel.

Il le fallait car il s’agissait de célébrer trois anniversaires. Un siècle après la parution du Cimetière marin, un des plus célèbres poèmes du penseur-poète, dont Antoine Valéry, né un an après sa disparition venait de citer un des vers majeurs. C’était aussi la dixième édition des Journées Paul Valéry qui chaque année, depuis 2011, font un état des lieux de la recherche et ouvrent des pistes de réflexion sur une œuvre qui résonne à bien des égards dans la création contemporaine.

Le troisième anniversaire est celui des cinquante ans du musée Paul Valéry.

A l’automne 1970 ouvrait le nouveau musée de Sète, au-dessus du cimetière qui domine la mer. Bâti sur les plans de l’architecte Guy Guillaume à l’initiative de Gabriel Couderc, peintre et conservateur du musée municipal de Sète.

Quant au thème de l’exposition,  la commissaire l’explique. « Dès sa jeunesse, Paul Valéry a eu un lien étroit avec le dessin et la peinture ». Lors de ses visites adolescentes au musée Fabre de Montpellier, au cours de ses études de droit. A 20 ans, en 1991, il publiera, Gloses sur quelques peintures- musée de Montpellier. Evoquant Cristofano Allori et La Sainte Agathe de Zurbaran. Ayant aussi été marqué par Gérard Ter Bor, Camille Corot, Gustave Courbet, Eugène Delacroix ou Gustave Moreau. Deux ans après, il rencontrera Eugène Rouart, fils d’Henri.

A Paris, Eugène lui permettra de lier des relations avec Edgard Degas. Paul Valéry écrira d’ailleurs en 1929, Degas, Danse, Dessin, un ouvrage qui ne soit pas une commande.  Dès 1895, il avait également commis une Introduction à la méthode de Léonard de Vinci, fasciné par son imagination intarissable.

Par la suite, les peintres occupèrent une place importante à plus d’un titre. Essentiel son mariage, en 1900, rêvé par Stéphane Mallarmé, dont il était proche. En épousant Jeannie Gobillard, il entrait dans une famille de peintres. Jeannie vivait alors chez sa tante Berthe Morisot et son mari Edouard Manet, au 40 rue de Villejuif à Paris, au milieu de leurs œuvres. Le même jour sera célébré le mariage de Julie Manet et d’Ernest Rouart. Les deux couples demeureront liés et passeront leurs vacances dans la propriété des Manet, sur les bords de la Seine. Un cercle familial qui l’ouvrira sur un monde où vivaient de grands peintres du XIXe siècle.

« On a choisi des artistes présents dans sa vie. D’abord dans la famille, puis dans le cercle amical proche, élargi par les relations de Valéry avec Mallarmé. La 3ième partie traite des peintres qu’il a fréquentés ou croisés et qui ont retenu son attention. Enfin des artistes que Paul Valéry n’a pas connus mais dont les œuvres l’ont inspiré »  précise la commissaire de l’exposition, avant de confier « J’ai hésité à ajouter la partie Paul Valéry peintre, car sa passion intime pour la peinture est restée très méconnu ». En justifiant son hésitation «  L’intérêt de Paul Valéry se porte sur l’intelligence de la création et la perception sensible, au point d’être partisan de supprimer les cartels des œuvres. S’il a rencontré Matisse, c’est parce qu’il était fasciné par son intelligence. Il n’a jamais parlé des Fauves et a toujours été réservé sur le cubisme, même s’il a côtoyé Picasso pour un portrait destiné au frontispice d’un livre à l’occasion de son élection à l’Académie Française ».  

 

Dans son cercle amical, l’exposition révèle également des relations avec Jacques-Emile Blanche, Maurice Denis, Georges d’Espagnat, Marie Laurencin, Claude Monet, Odilon Redon, Auguste Renoir. Au-delà, Il aura aussi fréquenté Lou-Albert Lasard, Pierre Bonnard, Edmée de La Rochefoucault, Rudolf Kundera, Albert Marquet, Sem, Edouard Vuillard, James Abbott McNeill Whistler, Marie-Elisabeth Wrede.

 

Une belle énumération permettant d’offrir aux visiteurs une promenade à travers l’histoire de la peinture. Avec plus de quatre-vingt-œuvres dont certaines accompagnées d’un poème ou d’un commentaire de Paul Valéry. S’il n’a jamais prétendu être critique d’art, il s’exprimera par exemple sur l’impressionnisme, ce que la France a produit de plus original depuis la fin du Moyen-Age. Quant aux portraits exposés, ils ne trouvèrent rarement grâce auprès de lui, à l’exception de variantes de Kundera.

On pourra aussi apprécier quelques autoportraits.

Au total, nombreux sont les musées sollicités pour ces anniversaires : Musée d’Orsay, musée National d’Art Moderne, musée des Beaux-Arts de Grenoble, Reims, Rouen ou Pont-Aven, Bibliothèque Littéraire Jacques Doucet, musée départemental Stéphane Mallarmé, Musée Fabre de Montpellier …).

Ainsi que des collections particulières internationales et, bien évidemment, du musée Paul Valéry. Pour un passionnant voyage pictural inédit, aidant à vivre.

Guy Hébert

Exposition jusqu’au 10 janvier 2021

Informations pratiques

Musée Paul Valéry, 143 rue François Desnoyer 34200 Sète

04 99 04 76 16 

Jusqu’au 10 janvier 2021

Ouverture jusqu’au 30 octobre : tous les jours de 9h30 à 19h

Ouverture du 1er novembre au 31 mars : tous les jours, sauf le lundi, de 10 à 18h

23 Oct 2020 0 comment
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  G.Hébert

Dans son musée de Sète, Paul Valéry reçoit les peintres qu’il a côtoyés

« Le vent se lève … ! Il faut tenter de vivre ! » lance Antoine Valéry, petit-fils de Paul, au moment de l’inauguration de la nouvelle exposition « Paul Valéry et les peintres » au musée éponyme de Sète. En cette période où tout est compliqué, un grand mérite revient à Maïthé Vallès-Bled, conservateur en chef du patrimoine et commissaire de l’exposition, et à son équipe, d’avoir réussi à présenter une exposition inédite d’un intérêt exceptionnel.

Il le fallait car il s’agissait de célébrer trois anniversaires. Un siècle après la parution du Cimetière marin, un des plus célèbres poèmes du penseur-poète, dont Antoine Valéry, né un an après sa disparition venait de citer un des vers majeurs. C’était aussi la dixième édition des Journées Paul Valéry qui chaque année, depuis 2011, font un état des lieux de la recherche et ouvrent des pistes de réflexion sur une œuvre qui résonne à bien des égards dans la création contemporaine.

Le troisième anniversaire est celui des cinquante ans du musée Paul Valéry.

A l’automne 1970 ouvrait le nouveau musée de Sète, au-dessus du cimetière qui domine la mer. Bâti sur les plans de l’architecte Guy Guillaume à l’initiative de Gabriel Couderc, peintre et conservateur du musée municipal de Sète.

Quant au thème de l’exposition,  la commissaire l’explique. « Dès sa jeunesse, Paul Valéry a eu un lien étroit avec le dessin et la peinture ». Lors de ses visites adolescentes au musée Fabre de Montpellier, au cours de ses études de droit. A 20 ans, en 1991, il publiera, Gloses sur quelques peintures- musée de Montpellier. Evoquant Cristofano Allori et La Sainte Agathe de Zurbaran. Ayant aussi été marqué par Gérard Ter Bor, Camille Corot, Gustave Courbet, Eugène Delacroix ou Gustave Moreau. Deux ans après, il rencontrera Eugène Rouart, fils d’Henri.

A Paris, Eugène lui permettra de lier des relations avec Edgard Degas. Paul Valéry écrira d’ailleurs en 1929, Degas, Danse, Dessin, un ouvrage qui ne soit pas une commande.  Dès 1895, il avait également commis une Introduction à la méthode de Léonard de Vinci, fasciné par son imagination intarissable.

Par la suite, les peintres occupèrent une place importante à plus d’un titre. Essentiel son mariage, en 1900, rêvé par Stéphane Mallarmé, dont il était proche. En épousant Jeannie Gobillard, il entrait dans une famille de peintres. Jeannie vivait alors chez sa tante Berthe Morisot et son mari Edouard Manet, au 40 rue de Villejuif à Paris, au milieu de leurs œuvres. Le même jour sera célébré le mariage de Julie Manet et d’Ernest Rouart. Les deux couples demeureront liés et passeront leurs vacances dans la propriété des Manet, sur les bords de la Seine. Un cercle familial qui l’ouvrira sur un monde où vivaient de grands peintres du XIXe siècle.

« On a choisi des artistes présents dans sa vie. D’abord dans la famille, puis dans le cercle amical proche, élargi par les relations de Valéry avec Mallarmé. La 3ième partie traite des peintres qu’il a fréquentés ou croisés et qui ont retenu son attention. Enfin des artistes que Paul Valéry n’a pas connus mais dont les œuvres l’ont inspiré »  précise la commissaire de l’exposition, avant de confier « J’ai hésité à ajouter la partie Paul Valéry peintre, car sa passion intime pour la peinture est restée très méconnu ». En justifiant son hésitation «  L’intérêt de Paul Valéry se porte sur l’intelligence de la création et la perception sensible, au point d’être partisan de supprimer les cartels des œuvres. S’il a rencontré Matisse, c’est parce qu’il était fasciné par son intelligence. Il n’a jamais parlé des Fauves et a toujours été réservé sur le cubisme, même s’il a côtoyé Picasso pour un portrait destiné au frontispice d’un livre à l’occasion de son élection à l’Académie Française ».  

 

Dans son cercle amical, l’exposition révèle également des relations avec Jacques-Emile Blanche, Maurice Denis, Georges d’Espagnat, Marie Laurencin, Claude Monet, Odilon Redon, Auguste Renoir. Au-delà, Il aura aussi fréquenté Lou-Albert Lasard, Pierre Bonnard, Edmée de La Rochefoucault, Rudolf Kundera, Albert Marquet, Sem, Edouard Vuillard, James Abbott McNeill Whistler, Marie-Elisabeth Wrede.

 

Une belle énumération permettant d’offrir aux visiteurs une promenade à travers l’histoire de la peinture. Avec plus de quatre-vingt-œuvres dont certaines accompagnées d’un poème ou d’un commentaire de Paul Valéry. S’il n’a jamais prétendu être critique d’art, il s’exprimera par exemple sur l’impressionnisme, ce que la France a produit de plus original depuis la fin du Moyen-Age. Quant aux portraits exposés, ils ne trouvèrent rarement grâce auprès de lui, à l’exception de variantes de Kundera.

On pourra aussi apprécier quelques autoportraits.

Au total, nombreux sont les musées sollicités pour ces anniversaires : Musée d’Orsay, musée National d’Art Moderne, musée des Beaux-Arts de Grenoble, Reims, Rouen ou Pont-Aven, Bibliothèque Littéraire Jacques Doucet, musée départemental Stéphane Mallarmé, Musée Fabre de Montpellier …).

Ainsi que des collections particulières internationales et, bien évidemment, du musée Paul Valéry. Pour un passionnant voyage pictural inédit, aidant à vivre.

Guy Hébert

Exposition jusqu’au 10 janvier 2021

Informations pratiques

Musée Paul Valéry, 143 rue François Desnoyer 34200 Sète

04 99 04 76 16 

Jusqu’au 10 janvier 2021

Ouverture jusqu’au 30 octobre : tous les jours de 9h30 à 19h

Ouverture du 1er novembre au 31 mars : tous les jours, sauf le lundi, de 10 à 18h

Informations supplémentaires

  • Région: Occitanie
Dernière modification le vendredi, 23 octobre 2020 10:39

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